Pour une recomposition de nouvelles stratégies de prévention des conflits armés

Publié le par MASHIMANGO

Dans ses multiples et différentes intervention sur terrain, les casques bleus de l'ONU, ont très souvent rencontrés des situations inédites, complexes, inextricables et difficiles à résoudre, des "états de violence" (Frédéric GROS, Paris, Gallimard, 2006) qui " transforment le rapport à la mort, (...), imposent toujours plus la logique d'une destruction unilatéral de civils démunis, brisant un rapport ancestral d'égalité et d'échange" (F. GROS).

Ces "transformations de la guerre" (Jean-Paul JOUBERT, Paris, L'harmattan, 2002) présentent un caractère catastrophique des conflits armés et un risque systémique dans la mesure où, non seulement il y a complémentarité et interdépendance entre facteurs pluriels, avec des régulations défaillantes et des réponses conduisant à accroître la crise à un niveau collectif, mais encore parce que les phénomènes font tâche d'huile à une échelle infra et internationale.

Face à cette situation, il est donc impératif de prendre des nouvelles initiatives, d'avoir des nouvelles intelligences sur le plan international pour que les opérations de maintien de la paix aboutissent à des succès. Des nouvelles stratégies de prévention doivent être envisagées, des actions variées doivent être menées et des moyens consistants doivent être engagés le plus en amont possible du déclenchement des hostilités pour contrer les ambitions guerrières de ceux à qui profitent les violences armées: les Seigneurs de guerre.

Considérant que "l'instauration de la paix passe d'abord par une bonne connaissance des mobiles belligènes qui conduisent aux guerres" (Gaston BOUTHOUL, Paris, Payot, 1991), il est impératif de procéder à l'évaluation et à la compréhension de la situation sur terrain, et décider les actions dont le contenu doit être parfaitement ajusté aux réalités sur terrain. 

Ma proposition est que les opérations de maintien de la paix doivent être faites à partir d'une étude polémologique qui définirait les signes de fragilité et d'instabilité que dégage une situation belliciste, et des crises qui peuvent en résulter. La polémologie permet d'imaginer tous les scenarii catastrophiques possibles, de déterminer les facteurs et les acteurs du conflit afin d'inventer les actions qui éviteraient l'engrenage de la décomposition du système comme cela fût le cas en Somalie (1991), au Rwanda (1994) et, depuis 1996, en RD Congo. C'est dans cette hypothèse que l'irénologie, en tant que théories et pratiques de la paix, rejoint la polémologie.

Examinant les tenants et les aboutissants des opérations de maintien de la paix menées en Afrique subsaharienne, ma conviction est que la prévention des conflits et la stabilisation des Etats ne peuvent se réaliser sans la conjugaison d'activités civiles et militaires cohérentes, imbriqués les unes dans les autres, et conduites sur le long terme. L'outil militaire de l'ONU doit être adapté à la finalité des actions civiles, c'est-à-dire au bénéfice de la préservation de la dimension humaine, de l'action économique, sociale et politique.

Cependant, force est de reconnaître la complexité des interactions entre différents domaines et lignes d'interventions. de l'imposition du cessez-le-feu aux programmes de renforcement, en passant par le DDR (désarmement-démobilisation-réinsertion), il est prépondérant de souligner l'importance du social et de la solidarité humanitaire dans la restauration et le développement des fonctions élémentaires de la vie locale, de celle des populations affectées par les conflits armés, de leur administration, et de leur gouvernance politique locale. J'insiste ainsi sur l'exigence que tous les acteurs de la stratégie préventive doivent s'évertuer être en mesure de coordonner les multiples domaines d'intervention avec les populations locales. Ce qui nécessite des qualités relationnelles et des compétences particulières qui permettent, non seulement de nouer des bonnes relations avec la population, mais encore d'analyser avec discernement les besoins de celle-ci, ainsi que l'extrême complexité des problèmes à résoudre, en l'occurrence la question des différents groupes armés qui contrôle le terrain, sèment la terreur et la violence. Aussi faut-il éviter, comme cela a été le cas à l'est de la RD Congo, que la zone de sécurité créée et concernée ne devienne un refuge idéal des bases d'entrainement et de soutien pour tout type d'activité illicite (groupes terroristes, mafieux, organisation criminelle).

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<br /> Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.20 - THÉORÈME des BULLES. - Systèmes dynamiques.<br />
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