Bientôt le Code noir va être ré-appliqué en France

Publié le par MASHIMANGO

Dans mon article "Postcolonial racism in France: Systemic and institutionnal reproduction of negative representations of colonized people", publié le 24 septembre 2009 sur ce blog, je démontre les bases, les racines des comportements et discours racistes et xénophobes actuels envers les françaises et les français d'origine africaine et arabe.

Aujourd'hui, avec l'extrême droitisation ou la droitisation à l'extrême, le sujet est plus que d'actualité. A l'UMP, l'hostilité à l'égard des "étrangers" ou toute personne considérée en tant que tel est manifeste. Au-delà d'une stratégie électoraliste pour les présidentielles 2012, les mots, les déclarations dépassent tout entendement. Après le "un ça va, c'est quand ils sont nombreux que ça pose problème" de Bruce Hortefeux, on a aujourd'hui "l'accroissement du nombre de musulmans en France pose problème" de Claude Guéant qui, pour aller au bout de sa logique, ambitionne de "réduire l'immigration légale" en l'occurrence "le nombre de personnes admises au titre de l'immigration du travail" et les regroupements familiaux. Esprit de Vichy? Chasser le naturel, il reviendra au galop, ont bien souligné "nos ancêtres les Gaulois".

Du débat sur l'identité national au débat sur la laïcité, en passant par la loi sur le port du Niqab, les "néoreacs" de l'UMP se veulent défenseurs d'un occident blanc, d'une identité républicaine "blanche", catholique. A cela s'ajoute les différentes sorties médiatiques d'Eric Zemmour qui se positionne comme pourfendeurs du racisme "antiblanc" et postcolonial! A la radio, à la télévision, dans la presse écrite et virtuelle, l'image du Français idéal que l'on nous présente est définie par deux critères: la couleur blanche de la peau (la "souchesation" du français d'origine) et sa culture d'origine (le catholicisme, les coutumes de sa région, de son "terroir", éventuellement taxées de "gauloises").

En effet, on peut se poser les questions suivantes:

- Comment penser la question d'identité d'un groupe d'individus dans le cas de la nation en tant qu'ensemble hétéroclite de populations regroupées sur un territoire et marquée de sceau de nationalité?

- Existe-t-il une identité nationale immuable? Seules l'histoire de l'Etat-nation (1870) et la nouvelle législation sur la nationalité qui en est suivie (1889) peuvent nous apporter des éléments de réponse.

- Qu'est-ce qui fait d'un français un français? La couleur de sa peau? la tradition "gauloise"? Seule l'histoire des idées politiques peut nous éclairer sur le sujet.

Alors que la communauté internationale a dédié cette année aux personnes d'ascendance africaine, en tant que groupe distinct, groupe des victimes particuliers qui continue de souffrir de discrimination, héritage historique de la traite transatlantique  des esclaves, dont les droits doivent être promus et protégés, la France est encore hantée par ses vieux démons esclavagistes, colonialistes et vichystes. Non seulement les noirs et les arabes en France sont victimes de discriminations, mais encore sont confrontés régulièrement au racisme.

Théorie née au XIXème siècle, fondée sur la croyance d'une supériorité, la pureté de la race blanche sur d'autres races, et donc à la domination de celle-ci sur les autres races, les comportements raciste et xénophobe ont en commun la perception de l'"Autre" comme différent, inférieur ou mauvais. Ils relèvent tous deux de ce qu'Albert Memmi qualifie de "l'hétérophobie" et reposent sur un même préjugé : la conviction de différences des valeurs entre les groupes humains qui s'accompagnent d'une représentation stéréotypée des particularités physiques visibles ou des caractéristiques culturelles, linguistiques ou religieuses attribuées aux membres d'un même groupe. Ce qui débouche inéluctablement sur la haine, l'exclusion, la violence et, à titre collectif, sur un racisme institutionnel ou d'Etat comme c'est le cas aujourd'hui en France.

Pour conclure, je me dois de souligner que racisme et xénophobie sont contraires aux principes même de la République, notamment celui de l'égalité, et sont incompatibles avec les principes de la démocratie. En allumant la mèche de la haine, en instituant le profilage racial, l'Elysée fonce dans la dérive.

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