Journal de vérité pour « Le-parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir »

Publié le par MASHIMANGO

Certes, ce n’est pas avec les beaux mots qu’on résout les problèmes. Après l’indignation contre le discours du « Général-président-de-notre-parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir », prononcé devant un parterre des jeunes adolescent(e)s, réunis par la fondation de « Madame-la-first-lady-de-la-république », le 30 juin 2013, dans ce qu’on peut appeler « Youth-Konnect-endoctrination-and-Humiliation », la place n’est plus à la résignation mais au combat. 

 

Pour l’honneur du « pays-de-mille-problèmes », je pense qu’il faut élargir le combat : vivre libre ou mourir. La teneur du discours et l’indignation qu'elle a suscitée interpelle l'engagement, le sacrifice tant intellectuel que physique de tous les citoyen(nes), sans distinction aucune. L’innocence violée par la force insolente des armes de « notre-parti-unique-avant-gardiste » qui, des massacres au génocide, en passant par les nettoyages ethniques, aussi bien « au-mille-problèmes » que chez nos voisins de la « République-Déchiquetée-par-les-Combats » (RDC), nous devons tous lutter et nous battre contre. Rappelons que « ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent », nous dit Victor Hugo.

 

Ce texte n’est pas un appel à la guerre. Ce n’est pas non plus une simple expression d’humeur. Mais un appel à la conscience. Comme dirait l’autre chanteur (Tiken Jah Fakoly) : « Mon pays va mal ». La génération du sacrifice que nous sommes ne doit pas rester immobile, insensible, sourde à l’ethnisme rampant, au radicalisme et à l’extrémisme ethniques, qui ont toujours réussi à inventer et installer leurs maux au « pays-de-mille-collines » : le génocide des Tutsi et massacres des Hutus.

 

Utiliser le génocide à des fins politiciennes comme le fait aujourd’hui le « Général-président-de-notre-parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir » est en soi une désobligeance envers les Rwandais(e)s, singulièrement envers les victimes et les rescapé(e)s. Ajouter à cela l’apologie de la violence et des meurtres, l’incitation à la haine ethnique, la « culture de la honte » et l’humiliation infligée à une partie de la population, ça sent le sang ! « Chasser la RTLM ou Kangura, il reviendra au galop », pouvons-nous dire. 

 « Même si tu n’as pas tué, lèves-toi pour demander pardon pour ceux qui ont tué en ton nom. (…). Ne pas demander pardon pour un génocide commis en ton nom, c’est l’approuver » (Général-président).

 

Chose dite (par le Général-président), chose faite. Humiliés devant leurs contemporains, les jeunes et vieux Hutu présents, honteux, frustrés et confus, se sont levés, et d’autres se sont agenouillés, et ont demandé pardon pour le « génocide perpétré en leur nom » : leur « ethnie a fait une abomination » !

 

Les ressorts psycho-sociopolitiques sont la création d’une frustration, d’une honte liée à l’« origine ethnique ». Cette situation est dramatique : considérés tous comme des génocidaires, les Hutu doivent rester dans une situation de panique, qu’il leur est interdit ou impossible de décliner leur identité ethnique ; une condition de sous-homme, sans droit mais avec l’obligation de se soumettre.

 

Cette stratégie perverse du « Général-président » doit être combattue sans économie d'énergie. Les crimes les plus odieux commis au Rwanda et en RDC, et les terribles humiliations auxquelles il soumet les Hutu de l’intérieur montrent que notre « Général-président » et son « parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir » n’ont pas de conscience ni de représentation car, dans leur monde à eux, l’« Autre » ne compte pas. Il (« l’Autre ») n’est qu’une ombre, un patin, un excrément (j’emprunte ici le terme cher à notre « Général-président »). De ce fait, il n’est donc pas grave de l’humilier, de le torturer, de le maltraiter, de le ruiner, de le chasser, de le violer, de l’égorger, de le tuer, de le massacrer, etc. Comme tout pervers, notre « Général-président », avec son discours et son caractère méprisant, semble avoir arrêté son développement psychique, au point qu’il n’a pas de conscience de la différence entre son désir à lui et le désir de l’« Autre ». Il n’y a pas d’autre vérité que la sienne.

 

Ainsi dit, l’impression qui se dégage est que le projet de « notre-parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir » se résumerait à diviser les populations du pays de mille-collines en deux camps : Les méchants tueurs Hutu d’un côté (qui doivent perpétuellement demander pardon) et les bons, les gentils Tutsi de l’autre (qui pardonnent et tolèrent) !

 

En effet, quand bien même le Génocide des Tutsi et massacres des Hutu seraient bénéfiques pour le « parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir » et le « Général-président », ses effets ont été, tout de même, macabres pour les Rwandais(e)s et le Rwanda. Avait-on besoin de « sacrifier les Tutsi » (Jean-Marie Vanney Ndagijimana, 2009) ? Heureusement qu’il y a eu des femmes et des hommes de cœur, audacieux et intègres – les « Justes » – qui ont eu le courage de s’opposer aux massacres des populations civiles, au génocide ; de cacher leurs compatriotes aux risque et au péril de leur vie ! Malheureusement, on n’en parle pas assez de ces gens. D’ailleurs, Kigali s'en moque: leurs enfants, à l'instar de tous les enfants Hutus, doivent aussi demander pardon ! 

 

Je pense que la question telle qu’elle se pose actuellement n’est plus à ce niveau. Au rythme où les événements s’enchainent, la problématique réside dans l’avenir du Rwanda. Le « Général-président », lui, et son « parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir », sont dans leur rôle : l’endoctrinement. Ils sont entrain de remplir les crânes de la jeunesse rwandaise d’une mixture faite de la bouse, d’argile, du pyrèthre, du crachat d’un lépreux, de poils de pubis d’un rescapé orphelin, du sperme de gorille, du sang d’un congolais, des excréments des prisonniers, des urines des veuves… pour enfin les déposer sur une cimetière. Le tout, en pourrissant, deviendra de l’or pur et massif, colombite-tantalite (coltan) et diamant. 

 

Mais attention Monsieur le Président-général. Je me dois de vous mettre en garde. Monsieur Théogène Rudasingwa, votre ancien Directeur de cabinet, l’a déjà fait dans la lettre ouverte qu’il vous a adressée le 7 juillet 2013. Il est vrai que les Rwandais(e)s semblent être « dociles ». Bien évidemment il est des « peuples » qui répugnent à s’insurger quotidiennement contre les détails qui n’en valent pas la peine, tout simplement parce qu’ils ne sont pas pleurnichards. Cependant, il arrivera un jour que ces peuples prennent une décision que nul de ceux qui leur reprochaient leur docilité ou apathie n’eut été capable de prendre. Mubarak, Ben Ali, Saleh… en savent déjà quelque chose. Et au Rwanda le flambeau anti-dictature est déjà là : Déo Mushayidi, Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda et autres anonymes. Le système « Parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir », malgré la cruauté et l’angoisse, n’éteindra pas la volonté du peuple, tout simplement parce que le sanglier traqué finit par se tourner vers la meute et meurt en combattant. La lutte qui se mène aujourd’hui c’est d’abord celle de briser les chaines de l’esprit. Viendra ensuite la réhabilitation de tous les rwandais(e)s partout où ils se trouvent, de façon à ne plus donner prise aux vieux démons que, malheureusement, agite le « Général-Président ». Rendre aux citoyen(ne)s le sens de l’histoire, de l’épopée, du projet historique voire de l’utopie contre les atavismes de la peur, de l’angoisse et de la fracture sociale créées par le « parti-unique-avant-gardiste-au-pouvoir », voilà la mission qui incombe à nous tous Rwandais(e)s.

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