Peut-on parler de « racisme postcolonial » en France ?
Des reportages télévisuels aux articles de la presse écrite, les moyens de communication dans leur ensemble ne cessent de véhiculer des stéréotypes racistes et des clichés dont l’une des caractéristiques est de nier ou de dévaloriser les mœurs et les traditions culturelles des immigrés, surtout ceux de l’Afrique. Et dans les meilleurs des cas, la culture des « étrangers » est réintégré uniquement sous son aspect folklorique, exotique ; donc, de manière dévalorisée puisque, à part s’y évader, on ne peut rien en apprendre ! Alors peut-on, de ce fait, parler du racisme postcolonial?
Pour répondre à cette question je m’interroge comment peut-on ne pas en parler lorsque les immigrés issus de pays anciennement colonisés, notamment les noirs et les arabes, sont toujours les plus dépréciés, les plus craints ou les plus méprisés. Comment ne pas en parler alors que les noirs et les arabes portent en eux des clichés négatifs qui remontent de l’esclavage et colonisation ? Certains disent même que les « immigrés » occupent les métiers des « Français ». Ne faudrait-il pas simplement dire que les noirs et les arabes font le travail que les blancs ne veulent pas ou plus faire dans les conditions de travail et de rémunération à la limite du tolérable, maintenues par le patronat déterminé par la recherche du profit maximum ? Et si ces « immigrés subis » retournaient tous chez eux ?
Le ministère de l’immigration et de l’identité nationale dont les bases de création sont l’élaboration des statistiques des « nègres » indésirables (communément appelé « Sans papiers ») à embarquer dans les charters laisse croire qu’il suffit de renvoyer les étrangers pour régler la question de l’immigration et de chômage des Français ! Il convient de souligner que le renvoi des immigrés « sans papiers » ne libérerait pas de place pour les chômeurs de la comptabilité et gestion, du journalisme, du dessin industriel, de l’architecture, de l’administration publique, de la politique, de l’économie, des finances… métiers où ne se trouvent pas d’immigrés. Par contre, c’est les entreprises BTP et la restauration qui seraient gravement perturbés sinon fermeraient la porte.
C’est pourquoi nous considérons que le racisme postcolonial trouve son fondement dans des institutions, des pratiques, des discours et des représentations qui se sont élaborées dans le cadre de l’empire colonial français. Marx a bien étudié cette interaction entre passé et présent, et le rôle que joue l’imaginaire social hérité, à travers lequel se dessinent les frontières entre « nous » et « eux » et sont traités les immigrés postcoloniaux et légitimée leur relégation économique, sociale et politique.
Le racisme postcolonial est donc une reproduction permanente, systémique et institutionnelle des représentations héritées de l’esclavage et du colonialisme, reformulées et réinvesties sous les vocables « intégration » et « insertion » qui, au sens politique du terme, produit des « sous-citoyens », des « sujets » qui ne sont pas étrangers au sens juridique du terme, mais ne sont pas pour autant traités comme des Français à part entière.