LES FAITS COURANTS DE L’ESCLAVAGE
Première atteinte aux droits de l’homme, l’esclavage recouvre diverses pratiques, notamment la vente d’enfants, la prostitution enfantine, la pornographie impliquant des enfants, l’exploitation de la main-d’œuvre, la servitude pour dettes, la mutilation sexuelle, l’utilisation des enfants dans les conflits armés, le trafic des personnes, la vente des organes humains, l’exploitation de la prostitution, etc.
Certaines de ces pratiques sont clandestines. Elles sont difficiles à découvrir et, de ce fait, à être sanctionnées. D’autres, comme l’utilisation des enfants dans les conflits armés, l’exploitation de la main-d’œuvre, sont connues. Mais la situation est tellement compliquée par le fait que les victimes de pratiques esclavagistes sont en général des personnes vulnérables que leur situation ne les encouragent pas à témoigner et/ou porter plainte.
D’aucuns ne contestent que ces pratiques sont largement répandues. Des multiples témoignages, des études et conclusions des rapporteurs spéciaux ont été présentés aux instances de l’ONU habilités, à savoir le Groupe de travail des formes contemporaines d’esclavage.
Si le travail des enfants est très demandé par son aspect bon marché, leur enrôlement et leur astreinte au service militaire demeure catastrophique quant aux conséquences. Certes, le travail imposé aux enfants est souvent pénible et dangereux, altère leur santé pour la vie, les prive d’instruction et les empêche de jouir pleinement de leur droit en tant qu’enfant. Mais on retiendra tout de même que beaucoup d’enfants sont morts ou ont été estropiés au cours d’opérations armées en Ouganda, au Rwanda, au Libéria, en Sierra Leone, en Somalie, en RDC, au Burundi…, tandis que d’autres, à l’exemple d’Omar Khadr à Guantanamo, ont été torturés, frappés ou incarcérés comme prisonniers de guerre.
Le recrutement, le transport clandestin et l’exploitation des femmes comme prostituées ainsi que la prostitution organisée des enfants dans plusieurs pays sont monnaie courante. Il est même établi des liens entre la prostitution et la pornographie (particulièrement celle qui implique des enfants), la promotion et le développement du tourisme sexuel. Dans son ouvrage, Mon combat contre la prostitution, publié aux éditions Jean-Claude Gawsewitch en 2007 (224 p.), Amely-James Koh Bela dresse, à travers de nombreux exemples observés sur terrain, un constat affreux de la situation de prostitution enfantine, féminine et masculine en France. S’étant rendu compte des profits substantiels en procurant des enfants venus de foyers démunis à des personnes aisées, des intermédiaires sans scrupule mènent d’opérations de commerce d’enfants.
La servitude pour dettes ne diffère pas de l’esclavage dans sa forme la plus traditionnelle. Ne pouvant pas payer sa dette, l’emprunteur se trouve dans une situation où il est obligé de travailler sans aucune possibilité de quitter sa besogne tant qu’il ne s’est pas acquitté de son dû. Et le plus souvent, ses enfants héritent de la dette et, ainsi, la servitude.
Quoi qu’il en soit, l’esclavage est un état d’esprit. Il a été aboli mais pas complètement éliminé. Le droit international porte un intérêt particulier à l’esclavage. Des traités, conventions et déclarations ont été adoptées au 19ème et 20ème siècle, notamment la Convention relative à l’esclavage (1926), la DUDH (1948), la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui (1949), la Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l’esclavage (1956), le PIDCP (1966), la Convention relative aux droits de l’enfant (adoptée en 1989), etc.
Des comités ont été créés en vertu de chacun des Pactes et de chacune des conventions. Ils surveillent l’application de ces textes par les Etats parties. Le Groupe de travail des formes contemporaines d’esclavage reçoit des informations des Etats sur les mesures prises pour mettre en œuvre les différents instruments internationaux. L’OIT joue un rôle non négligeable en ce qui concerne le travail et l’exploitation des enfants (cf. Convention n° 138 de l’OIT). L’OMS, l’UNESCO, l’UNICEF, l’UNHCR, la justice pénale internationale, l’INTERPOL… ne croisent pas les bras. Mais le combat est encore rude. Mobilisons-nous pour mettre fin à ce fléau qui se répand et cause beaucoup des dégâts humains.