"Une question très française"
"T'es de quelle origine"? Voici une question très française, une question très naturelle, à laquelle on n'échappe guère en France quand on est noire. C'est d'ailleurs la première réplique après "Bonjour" dans une conversation anodine; une question déconcertante qui rappelle aux noirs (baptisés blacks comme si être noir serait insultant) qu'ils ont "un autre "chez eux"; une question parfois sérieuse d'un entretien d'embauche et, de ce fait, une question fatale pour un jeune né et grandi en France, qui ne connaît que la France comme pays. Le problème n'est pas d'avoir une origine ou pas. Le problème résulte des conséquences de cette question: elle dénote que la personne à qui l'on demande est avant tout "étranger" avant d'être fançais. De cette situation, il en découle que l'identité des individus est définie par la couleur de la peau. Plus on est blanc, plus on est français. Plus on est bronzé, plus on est étranger.
Que les français soient divers, c'est une évidence. Qu'il y ait encore des personnes qui ont du mal á accepter une France diverse, c'est un problème. De l'esclavage à la colonisaton, l'histoire de la France est riche pour enseigner à ses enfants comment elle est une et diverse. Mais la question qui se pose est de savoir à quand la fin de la stigamtisation: homme ou femme de couleur égal étranger?
Certes, du SOS racisme au MRAP en passant par la HALDE, les organisations se mobilisent pour lutter contre le fléau dont sont victimes les hommes et les femmes de couleur. Mais cela n'est pas suffisant. Nous pensons qu'il faut aller au bout de la logique et prendre des mesures concrètes pour non seulement rémedier la situation, mais aussi réparer les dégâts commis par les pratiques discriminatoires dont ont été et sont encore victimes les "minorités visibles" mais inaudibles de la France. Comme la parité (chez les femmes), l'action affirmative, en dépit de ses lacunes, reste l'une des meilleures pistes à envisager. L'Etat ne surpasee-t-il pas la somme de ses éléments? C'est vrai vis-à-vis des lois, mais aussi dans les faits.